#13 Confinement au coeur de l’océan Indien jour 13 ⛵️/ Bon ben alors, où allons nous?🙄🗺

Douzième jour de confinement au milieu de la grande bleue … Difficilement Black Lion lutte pour rester sur un cap Ouest mais les courants qui étaient jusque-là en notre faveur s’attachent à compliquer un peu notre croisière de rêve ! Ils ont commencé traitreusement à nous agresser en pleine nuit, agitant notre chambrée comme un shaker ! J’ai peine à croire que le rhum équatorien y soit pour quelque chose, 3 jours que l’océan en a eu sa petite giclée, nous sommes déjà le 2 avril, si son désir était d’en tirer un bon cocktail, il s’y serait pris plut tôt ! Plus sérieusement, les grains noirs qui se forment et déforment aux alentours ont des airs patibulaires, je serais prête à parier qu’ils entretiennent des relations étroites avec nos assaillants. Serions-nous juste une distraction pour ces « malmeneurs » ? En collaborant, ils se sont entendus à nous pourrir notre repos ! Et avant que l’un vienne désagréablement investir notre écran radar par son écho, l’autre s’est ébroué par trois fois à animer énergiquement son flux. Trois heures du matin est-elle une heure cruciale en mer, car bien sou-vent, nous avons remarqué que c’est justement à cette heure qu’il peut se passer quelque chose ! Je sais qu’il faut que nous restions sur nos gardes mais en sachant Cyril au poste de commande, je m’assoupie et quand mon engourdissement s’étend, j’attends au loin, mon capitaine me chuchoter à l’oreille qu’un puissant grain s’approche dangereusement de nous par l’arrière ! Illico, tel un suricate à l’affût, je me redresse et m’apprête vigoureusement à porter mains fortes à l’équipage et là, suivie de ses gloussements moqueurs, mon goujat amusé de ma réaction, se lance dans un sketch très largement parodié de mon comportement ! L’humoriste, prêt à tout pour détendre l’atmosphère, imagine sa petite femme, la tête dans ses épaules se préparant à l’abandon du navire avec sous les bras, sa cocotte-minute et son fouet de cuisine ! Nous n’avons pas eu à utiliser la chaloupe ! Tout va bien, l’orage a continué sa course vers le sud sans nous toucher mais tous ces caprices du temps nous font avancer qu’à 5,7 nœuds alors que nous faisions des surfs à 9. 136,8 milles depuis hier et nous voilà aux 1º29'101 S et 64º35'518 E. La force réduite de vent nous a permis de relancer le gennak mais la mer reste agitée. Pris entre nos deux voiles, l’air prend de la puissance et sans que l’on se doute de quoi que ce soit, un grand choc nous tire de nos occupations ! C’est la goupille de la poulie du gennak qui vient de casser. L’avarie n’est pas très grave, nous transmutons celle de tribord sur bâbord et faisons en sorte de réparer la souffrante avec un bout de dynema. Ce qui nous ennuis le plus ce sont les deux leurres encore emportés par nos proies, nous en sommes aux septièmes et en plus d’être dégoutés de n’avoir presque plus d’appâts pour nous nourrir, nous sommes contrariés de polluer involontairement ! Le soleil couchant d’hier nous a fait craindre que s’en était fini pour nos crépuscules teintés mais celui de ce soir impose ses belles carnations. En le regardant descendre sous l’horizon, nous nous sentons bousculés par les nouvelles qui nous viennent du monde. Notre incertitude s’amplifie…nous doutons !