#20 Confinement au coeur de l’océan Indien jour 20/cuisine🍞 maintenance🛠navigation⛵️pêche ⚓️

Avant de commencer mon récit du 9 avril, je tiens à m’excuser auprès de nos lecteurs des fautes que je peux laisser échapper de-ci de-là. Promis, je vais essayer de faire plus attention ! Connaissez-vous les Hurlements d’Léo, le titre Calypso ? Nous adorons… « Je suis partis à l’aventure, j’ai enfilé ma belle armure, la conquête sera périlleuse. J’ai traversé l’incertitude en bousculant la solitude, une île sauvage et mystérieuse. Je me suis donné corps et âme pour passer à travers les flammes de ce désir qui m’électrise. Sur une mer qui se déchaine, j’ai dû résister aux sirènes pour atteindre ma terre promise… Nous la cherchons notre terre promise et il semble bien que l’Océan Indien veuille nous retenir le plus longtemps possible avant de nous laisser l’atteindre. À près tout, nous ne sommes toujours pas pressés et le désir d’horizon lointain qui nous électrise est comblé par cette aventure incertaine à bord de notre belle armure ! Là-bas, quelque part, une île sauvage et mystérieuse nous attend…En nous fiant à notre progression de 125 milles cette nuit au moteur, nous positionnant à 9º5'963 Sud et 56º33'896 Est, nous pourrions envisager la trouver à l’Ouest notre émergence. Peut-être même du côté de Farquar, le dernier atoll des Seychelles, à 392 milles ! C’est un truc de fou, j’ai l’impression que ça fait des jours que nous sommes à plus de 300 milles de ces îles dites jardin d’Éden ! Ce n’est quand même pas gagné ! Au moteur, à la limite nous pouvons garder une direction directe mais le moteur va vraiment falloir le ménager car sa dernière impulsion ce matin n’est pas encourageante. En l’éteignant, la manette de commande s’est bloquée et Cyril a dut forcer pour la ramener au point neutre ! Une brisounette de 6 nœuds, nous permet de déployer le gennak et la grand-voile en ciseaux, entre 3 et 4 nœuds nous clopinons un peu plus Ouest-sud-ouest, vers le cap d’Ambre, dit le chaudron de la sorcière ! Faut-il vraiment expliquer ce que cela veut dire ? Allez, juste pour info, près du Nord de Madagascar, lorsque les alizés sont bien établis (ce qui, d’après les dernières prévisions devrait être le cas dans 3 jours), leur vitesse peut être accélérée dans la zone critique au nord du cap d’Ambre jusqu’à 15-20 nœuds et les conditions de mer qui en résultent ont été comparées à un chaudron de sorcière ! C’est étrange comme en mer, la météo peut jouer sur notre moral, bien souvent, il fluctue en fonction de la houle. Le moindre petit détail peut aussi influer sur notre état d’esprits ! Il peut nous enchanter ou nous charmer comme nous abattre et nous attrister. Tout est décuplé, les sens, les émotions, la sensibilité, l’imagination… La fantaisie de nos délires frappe aussi bien dans les nuages, quand un « us » du genre « nimb » ou « cumul » prend la forme d’un éléphant ou d’un écureuil, que dans l’incorporel, quand notre Iridium ne charge plus aucun message ! Que se passe-t-il à terre ? Un bug mondial, un chaos infernal, une extinction totale ! Je vous jure que les divagations peuvent vite rattraper la raison et que c’est bon quand notre boite de réception affiche six messages entrants ! C’est un de nos divertissements, lire les messages. Le soir, une fois le récit de la veille rédigé, nous l’envoyons aux enfants, Jonathan, notre fils, de son petit surnom chouchou et Claire, l’amoureuse de notre fils, dite notre choupette ! Nous attendons toujours avec impatience de leurs nouvelles car pour eux aussi c’est le confinement et notre inquiétude de parents est difficilement maitrisable ! Les nouvelles de la situation à terre avec le Covid 19 ne sont pas réjouissantes mais quel plaisir de lire les petites anecdotes de la famille et les péripéties des amis. Merci à tous … Car ici, les habitants sont discrets ou peut-être se protègent-ils de l’Homme. En bientôt dix jours, seulement quelques marsouins sont passés au loin et un aileron de dauphin nous a fait espérer un show ! La soirée s’annonce douce, la lune de toute sa rondeur illune la grandeur infinie. Sur des airs harmonieux, dans cette fabuleuse solitude, les paroles de grands auteurs sonnent comme une poésie en l’honneur de la nature. Nous nous aimons…