ON A ÉTÉ PERCUTÉ EN PLEINE NUIT ET LE BATEAU S’EST ENFUI. HORS SÉRIE.

✍️Mon écriture, ma thérapie 10 juin 2025, 4h45 – Pangaimotu, Tonga, (21°07.557’ Sud ; 175°09.780’Ouest) Un fracas déchire la nuit. Nous sursautons, arrachés à notre sommeil. La coque tremble, vibre… hurle presque. Un choc insensé. Nos corps bondissent, guidés par l’instinct. Une seule pensée nous traverse : un tsunami. La mer s’est retirée, c’est certain. Nous sommes sur les rochers. Tout est terminé. Tout fuse dans nos têtes en un éclair. Tout se brouille. Ce grondement sourd, cette brutalité… jamais nous n’avions entendu notre Black Lion souffrir ainsi. Comme un cri venu de ses entrailles. En un instant, nous nous retrouvons dehors. Le silence a volé en éclats, lacéré net. La panique nous submerge. Puis, la confusion. Nous pensions être échoués sur un récif… mais à mesure que nos yeux s’habituent à la nuit, une forme se dessine… trop proche, bien trop proche. Un autre bateau est là, collé à nous. Et pourtant, nous flottons. Lui aussi. Ce n’est pas un raz-de-marée. C’est un abordage. Un grondement rauque emplit l’air. Un moteur tourne. C’est celui de notre voisin le plus proche. Un trawler de seize mètres. Il est sur notre tribord arrière. Ses tangons de stabilisation sont déployés. Que fait-il ? Le vacarme est terrible. Le skipper du monstre nous crie en anglais, qu’il ne voit rien dans le noir. Mon amour crie. L’un de ses immenses bras d’acier traverse Blacky. Le métal crisse contre les haubans. Je hurle. J’essaie, dérisoirement, de le repousser. Un bout me frôle le cou. Comment lutter contre un colosse de trente tonnes ? Nous sommes complètement figés, anéantis. On est en train de détruire notre vie. Notre maison. Notre rêve.