#7 Confinement au coeur de l'océan Indien jour 7/ Black Lion ? borde ses voiles comme un oiseau ? ??
Au matin du 27 mars mon capitaine est heureux ! Nous avons avancé de 113 milles et le défi qu'il s'était lancé hier est gagné ! Il est d'autant plus heureux, qu'il ne va pas avoir besoin de montrer son « cul » sur la vidéo qu'il est en train de vous faire, c'est le gage qu'il s'était auto-appliqué au cas où notre distance parcourue aurait été inférieur à 100 milles ! D'un autre côté, je ne pense pas qu'exhiber son postérieur l'aurait vraiment dérangé ! Nous voilà donc à 263 milles d'Addu aux Maldives, 1º52'633 N, 76º50'007 E, et notre lionceau se prend pour un oiseau ! Avec son gennak et son foc en ciseau, il semble avoir déployé ses ailes de géant pour, sans le moindre battement imiter le fou qui vient de nous survoler ! Le sulidé intrigué par l'empennage de notre aérodyne s'évertue à comprendre le fonctionnement de ce curieux plumé en observant par tous les angles cette voilure étrange ! L'épieur planeur a beau guetter sur plusieurs milles à la ronde, aucun congénère du singulier dinosaure, pas même d'escadron de barcasses aux effluves si exquises pour lui. Il peut chercher, nous sommes seuls et ce n'est certainement pas avec nous qu'il va rassasier son appétit ! Il ne le sait peut-être pas mais les poissons ne nous aiment pas ! La houle met dans toute sa conduite un souci d'eurythmie, posément, elle s'arrondie et nos coques imperceptiblement suivent le mouvement. Nous sommes formels, Black Lion est hyper confortable ! Pas un coup sous la nacelle, pas une détonation dans le carré, juste le chuintement de l'eau qui glisse sur nos francs bords et le bruissement que provoque les remous à nos jupes. Nous filons, toujours poussés par un vent entre 8 et 10 n?uds de Nord-est vers notre indécis but, mais aujourd'hui mon capitaine est optimiste. Les fichiers Grib qu'il vient de charger l'encourage à convenir d'un itinéraire plus précis. Si la météo se maintient, il envisage de bifurquer vers les Seychelles. Sans certitude de pouvoir y accoster, il étudie une route tirant vers le nord de Madagascar, sans désespérer d'y trouver un isolement aux Mitsios et si vraiment nos deux premières cibles s'avèrent inaccessibles, nous continuerons vers Mayotte où en étant Français nous devrions moyennant quarantaine, être acceptés. L'issue de cette traversée est tellement floue qu'elle nous interroge sur le dénouement de ce chambardement mondial. Au milieu de l'océan, nous avons le sentiment d'être les spectateurs de ce renversement pourtant comme toute l'humanité, nous sommes acteurs et générateur de tout ce chaos ! Et si nous étions le virus de notre planète, et le Corona l'antidote qu'elle a trouvé pour se protéger ! Facile d'accuser un pauvre pangolin, le fustiger du mal qui ronge l'homme, faut bien trouver un coupable, et ce n'est pas ce petit mammifère nocturne qui va se rebiffer, à la moindre menace, il se roule en boule ! À près tout, si l'Hommo sapien ne tuait pas jusqu'à la déraison, peut-être n'en serait-il pas arrivé là ! Cette pandémie va-t-elle marquer une nouvelle ère ? Le Mortel s'en trouvera-t-il transformée ? Serons-nous témoin d'un âge où l'Homme aura compris que la Terre n'appartient pas qu'à lui ? Le thème pourrait servir à un cours de philo mais n'étant pas très doués dans ce domaine, nous préférons nous abandonner à la contemplation de « nos » coucher de soleil, nous exhortant à les mettre en scène pour qu'à jamais nous ne puissions oublier cette magie qui percute nos c?urs tous les soirs !
