#60 Partie 1 Black Lion traverse le canal du Mozambique 🇲🇿 - entre Mayotte et Bazaruto⛵️⛵️

3 novembre, 5 heures quarante : - « Hey Tchoupi ! On ne s’est pas levé ! » - « Ah oui, mais qu’est-ce que l’on a à faire ? » - « Ben, occasionnellement, aller en Afrique du Sud ! »… Je crois que le rhum 55º des aux revoir d’hier a eu raison de la coutumière nuit insomniaque qui précède une longue traversée ! Mais la boisson n’est pas seule fautive, les dernières journées ont participé à un cumule de fatigue physique mais aussi mental ! Nous avons profité de notre quatorzaine pour bricoler à bord et surtout élaborer une suite à notre voyage et sur ce point, la réflexion a de quoi épuiser ! Déjà, lors de notre premier voyage, il n’était pas toujours évident de prendre des décisions, mais à l’heure actuelle, ordonnancer sur un projet de navigation devient carrément un vrai casse-tête, en cause, ce satané virus qui fait perdre le nord à la planète et astreint à l’incertitudes de nos futures escales ! Gagnés par la perplexité du moment, nous nous sommes retrouvés à délibérer sur nos choix. Étant en France et donc sans limitation de visa, nous aurions pu prendre l’option de nous sédentariser quelques temps, trouver une solution pour renflouer un peu la caisse de bord et attendre que Claire et Jonathan nous rejoignent pour poursuivre le voyage avec eux, mais leur départ de Thaïlande programmé en janvier, reviendrait à nous bloquer plus de cinq mois sur place ! De plus, la France vient d’être re-confiner et même si pour le moment, Mayotte n’est pas vraiment touchée par des restrictions strictes, nous ne nous imaginions pas rester « Dom-Tomé » plusieurs mois ici. Poussés donc par notre bougeotte intarissable, nous nous sommes appuyés sur des éléments déterminants pour poursuivre notre aventure : la réparation de notre moteur qui nous semble un peu compliqué ici, la sortie de Black Lion pour un carénage et la météo. Et finalement, c’est elle qui a lancé le top départ ! Compatissante à notre désarroi péremptoire, elle nous a ouvert une porte, ajustée sur mesure. Juste après la passe de Bandrélé, la pétole des quatre premières heures de navigation fait place à un petit 6,5 nœuds de Sud-ouest. Avec le courant d’un nœud contre, ce n’est pas la direction idéale, mais la mer est calme et sur cap 133º, le gennakerer et la grand-voile s’en sortent plutôt bien. Mon capitaine se remet doucement de sa citronnade « a-rhum-atisée » de notre soirée en préparant tout son matériel vidéo. Un cortège de dauphins nous escorte vers le large… Milles deux cent mille nous attendent… 4 novembre, 95 milles au compteur en vingt-quatre heures, 14º2.169’S ; 44º57.756’E. La nuit a été tranquille, peut-être trop tranquille au goût de notre pilote pour qu’il lui vienne la folie soudaine de s’arrêter ! Curieusement, je ne m’inquiète pas, mon Tchoupi est là ! En fait, je ne suis même pas surprise, avant de partir, Cyril avait dans l’idée de changer l’interrupteur du système qu’il trouvait un peu défaillant, et ça ne loupe pas, le problème vient de là ! En shuntant, le souci est résolu et sans séquelles, notre barreur se remet à l’ouvrage, tout comme notre propulseur qui était de repos depuis 19 heures hier soir, mais Blacky peine, le courant contraire le freine ! Les conditions qui régissent ce canal du Mozambique sont complexes et trouver le flux portant dans ce bras de mer relève du défit ! Pourtant, si nous nous fions à Weather 4D, sur la carte de MyOcean Global, nous devrions l’avoir atteint, mais les prévisions semblent beaucoup moins précises qu’ailleurs et même pour le vent, les probabilités se sont trompées. Il va falloir nous dérouter sur Bazaruto au Mozambique, pas le temps avec la dépression conjecturée sur la météo prise par l’iridium, aujourd’hui, d’aller jusqu’à Richards Bay d’un trait. Malgré les pronostics erronés, la mer reste débonnaire et nous prodigue la joie d’entendre notre moulinet se dérouler ! Un espadon vient de mordre à notre super leurre Colgate ! Le temps de prendre le caméscope, le filmer dans l’action de trois sauts et le voilà repartit à sa liberté. Délivré de sa gourmandise, notre trophée s’éloigne et s’en vient un petit oiseau de mer. D’abord farouche, il ne fait que passer, puis revient, s’aventure dans le carré extérieur, repart, vient de nouveau, se hasarde à l’intérieur de Black Lion, commence à se familiariser et fini sa course sur la tête casquettée de mon capitaine ! Ses minuscules yeux noirs nous observent, nous faisons de même, il semble nous faire confiance… 5 novembre, la nuit a rattrapé notre moyenne, avec un vent ouest-nord-ouest entre 8 et 12 nœuds, Blacky a pu se dégourdir en se faisant plaisir dans des ...