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De Pico à Faial : des cachalottes, un casier
Parfois, il faut dire les choses sans chichis : quelle journée de merde ! Alors oui, nous avons vu passer des cachalots juste sous notre nez. Seulement, il a fallu payer le tribu et le tarif était : une journée de merde ! Le premier plan foireux a commencé le matin avec la visite des policiers locaux. Deux joyeux pieds-nickelés qui débarquent, personne sait pourquoi. Je ne retrouvais plus notre check-in de la capitainerie de Lajes. Ils ont trainé une bonne heure sur le quai. Ils voulaient nos papiers. Ils voulaient qu'on déplace le voilier de ce quai. Ils étaient gentils mais super cons. Le capitaine du port m'a dit de ne surtout pas les écouter : ce sont deux abrutis qui passent le temps. N'empêche, c'était pénible. Ensuite, j'ai merdé en quittant le quai. Pas de vent et d'un coup, grosse rafale ! Le voilier se retrouve plaqué au quai et vas-y que ça frotte. Je me suis payée une bonne honte, en plus de la morsure à l’amour-propre. Nous sortons enfin de la passe, direction le large mais avec un léger problème : le gentil vent de 10/15 noeuds a duré quelques minutes pour se transformer en vilaine teigne avec mer blanche et dure. Ce vent de face nous a obligé à tirer de longs bords, c'est-a-dire le double de la distance ... J'ai triché un peu en tentant de m'appuyer au moteur mais c'était trop difficile de remonter face au vent. Mais bon là, dans le fond, c'était bien. Sportif. En fin d'après-midi, nous étions en vue de l'île et un long bord de près devait nous emmener dans le canal do Faial. Il y avait toujours ce fort vent et partout des moutons. Pour essayer de croiser des baleines, notre technique est d'essayer de suivre les directions des gros canots des WhalesWatchers sauf que là, ils étaient tous rentrés. D'un coup, Fabienne crie : "Là, une baleine !" et me montre la mer sur babord arrière. A quelques mètres du voilier, je vois un trou. Juste un énorme trou dans l'eau et je me dis : 'Oh non ! J'ai raté la baleine'. Quelques secondes plus tard et un peu plus loin, j'ai vu la mer s'ouvrir sur un énorme dos de baleine. Une autre a suivi, presque simultanément. Elles passaient. Encore un peu plus loin, nous avons revu leurs dos. Elles allaient vite et nous aussi. Nous nous sommes croisées. Avant, je me demandais comment repérer une baleine. Comment repérer les signes et comment la reconnaitre. En vrai, c'est tellement énorme : aucun doute n'est possible. J'avais déjà vu deux orques mais c'est petit à côté. Le plus gros tribu, nous l'avons payé après cette rencontre. Le jour baissait. Le canal de Faial était bien en vue. En serrant mon cap, j'espérais atteindre le port en un seul bord et avant la nuit. Loin à tribord, il y avait une bouée rouge de casier. Le voilier avançait à 6,5 noeuds. J'étais super contente. Au bout d'un moment, j'ai bien vu qu'on ralentissait. Est-ce qu'il y aurait de forts courants ? Enfin, tout de même, la vitesse baisse bizarrement à 3 petits noeuds. D'un coup, j'ai compris. En me retournant, il y avait làs-bas, pas si loin, toujours la même bouée rouge. On avait bouffé un casier ! En navigation, cette situation peut devenir catastrophique. Il y a des histoires de marins à n'en plus finir, sur les prises de casiers. J'en ai vu quelques-uns revenir au port avec la vedette de sauvetage. La situation était compliquée parce que le cable du casier s'était pris dans la dérive et dans l'hélice. Plus moyen de se servir du moteur. Avec le poids du casier, les voiles n'avancaient pas et surtout plus question de remonter le vent. On aurait pu ne rien faire et attendre mais la dérive nous entrainait à la côte. Donc j'ai fait ce que je déteste le plus faire : aller sous l'eau, en pleine mer, avec les creux qui font danser la coque, pour couper ce "p***ain d'orin de péchou de malheur". La peur de ma vie. A la nuit tombante, j'ai profité d'une petite accalmie pour plonger sous l'hélice et couper l'orin au plus court possible. J'y ai mis toutes mes forces. Ensuite, on a remis le moteur. C'était ok. On a remis les voiles et la route a repris. 11h du soir. Nous entrons dans l'avant-port de Horta. Je jette l'ancre. Horta fait partie des ports les plus mythiques du monde. Un jour ou l'autre, tous les circumnavigateurs passent ici. Tous les plus grands sont passés. Ce soir, c'est fête à Horta. Un concert de hard-rock bien violent déchire la baie. Je vous le disais : journée de merde. Images : Fabienne Son : Candice Musique : wild world _ cover de Scary Pockets
