
#97 Séjours en pleine forêt amazoniennes, 3 jours au carbet- Black Lion en Guyane
#97 Guyane partie 3. Marais de Kaw, Carbet Kunana Les averses se succe?dent sans discontinuer. Il parait que l'anne?e est exceptionnellement abondante en eau. Une fois que nous le savons, il suffit de se faire une raison et s'adapter a? la me?te?o, mais nos batteries ne voient pas c?a du me?me ?il ! Prive?es des recharges produites habituellement par leurs panneaux solaires, elles s'e?puisent en criant famine ! La disette est si affaiblissante qu'elle nous fait douter sur l'espe?rance de leur vie ! Rester a? leur chevet ne servant a? rien, nous embarquons a? bord d'une coque Ariane Space, en nous laissant guider sur les marais de Kaw. Situe?s dans la re?gion de Re?gina, les marais en question forment une immense re?serve qui se compose essentiellement de mangroves, de savanes inondables et de fore?ts tropicales humides. Entre les Moucou-Moucoux, ces plantes de plus de trois me?tres aux grandes feuilles sagitte?es, le hors-bord de notre plate alu re?sonne ! Les cai?mans nous ont entendu de loin, ils se planquent, c'est a? se demander s'ils ne sont pas une le?gende, tout comme la centaine d'habitants du seul village de Kaw, introuvables ! La vie semble avoir e?te? mise entre parenthe?se. Une vieille cabine te?le?phonique, quelques cases soumises aux herbes accaparantes, des ruelles de?sertiques? On se croirait perdu dans un hameau abandonne?? Chaque voyage est diffe?rent. J'ai entendu dire qu'au premier voyage, on apprend, au second, on s'enrichit. On pourrait tout aussi dire qu'au premier, on de?couvre, au deuxie?me, on s'instruit. Vivre la Guyane, c'est d'abord apprendre a? la connaitre et comment mieux l'appre?hender qu'aux co?te?s de passionne?s ! Notre annexe est charge?e pour trois jours. Tout y est ! De la touque traditionnelle a? l'indispensable hamac, en passant par les neuf lampes rechargeables, objet d'un engouement presque phobique de mon capitaine. C'est vrai qu'a? co?te? de la barque que s'est fabrique? Mario, sur le fleuve, notre gonflable a moins d'allure ! Elle est surtout moins adapte?e aux conditions, mais notre parcours ne doit pas nous faire passer de rapides, les sauts comme ils sont appele?s ici, et les obstacles devraient e?tre surmontables. Vu du drone, la canope?e pourrait faire penser a? un immense champ de brocolis, de vrais jardins suspendus couvrent les hautes branchent. Dessous, en bordure de la Kunana, nous investissons le carbet le plus isole?. La pluie vient de s'arre?ter. La nature s'e?veille avec la de?licatesse des ailes d'un papillon. Elle compose avec le scintillement des gouttes d'eau qui se de?tachent des feuilles, le de?placement d'une fourmi, les formes et les couleurs. Sur le fleuve ourle? de ses lisie?res impe?ne?trables, nous tentons de voir l'incroyable, de saisir les e?manations, de deviner l'esprit de la fore?t. Tout est e?merveillement, de ces lianes tortueuses a? l'amour de ce colibri pour ses petits ! Dans ce milieu humide et hostile, tout l'art de faire un feu devient indispensable. La nuit nous enrobe, les flammes s'attisent, le concert nocturne de?bute. L'e?clat d'une lampe a? pe?trole fait vaciller nos ombres. En plein c?ur de cette Amazonienne, Mario nous enseigne. Fe?ru de serpents, il nous initie a? leur observation. Torches a? la main, nous arpentons la berge, des yeux rouges doivent nous avertir? Bien que nous soyons revenus bredouilles de notre exploration de la veille, il faut une certaine dose de de?tachement pour arriver a? nous baigner dans l'eau marronnasse du fleuve. Ne pensons pas aux piranhas, reptiles et autres petites bestioles sympathiques, d'ailleurs nos amis ne s'en font pas eux ! Il parait de toute manie?re que les animaux ne sont pas curieux par ici ! On va les croire sur parole en profitant de cette eau vivifiante et de cet environnement e?nergisant. La vie foisonne. La mousse tapisse les chablis qui ont entraine? dans leur chute les e?piphytes ; le?zards et chenilles s'en font de vrais domaines. Les te?tards pullulent, l'oiseau sentinelle, lui, fait retentir constamment son chant aigu et puissant. Immerge?s dans cette belle e?meraude, en prenant le temps d'e?couter la nature, l'imagination s'emballe ! Mais il ne faut pas juste l'entendre, mais vraiment l'e?couter, comme on e?coute le cre?pitement d'un feu de bois ou le ressac des vagues ? Une le?ge?re brise fait se?cher les voiles de Black Lion. Il s'est bien comporte? en attendant sagement notre retour. Trois jours loin de lui, ce n'est pas rien, c'est me?me un gros effort quand on sait les risques que comporte un mouillage sans surveillance ! Nous avions tout de me?me donne? des recommandations a? nos voisins au cas ou?, mais c'est toujours un stress. Ce soir, sous un intense ciel rose, nous sommes rassure?s, Blacky n'est plus seul, nous allons retrouver notre cabine et certainement que dans un sommeil plus profond nous re?verons de cette fore?t qu'il faut prote?ger. En parlant de prote?ger, tout geste peut faire la diffe?rence. Nous avons tous un ...
