
#96 Une réparation d'annexe entre excursions, carbet, kayak en rivière. Black Lion en Guyane.
??J'aime ce calme, cette paisible platitude qui semble figer le paysage ! Quand le soleil se le?ve, l'air est encore empli de l'humidite? de la nuit, mais les nuages qui ont porte? les averses nocturnes ont disparus. A? leur place, un ciel lumineux de purete? miroite dans la perfection satine?e du fleuve immobile ! Et entre, la? ou? les deux semblent se joindre, fie?rement e?rige?e, la canope?e baigne dans une brume laiteuse. C'est comme si nous e?tions transporte?s par apesanteur vers les myste?res d'une fore?t inaccessible. Aide?s par la mare?e montante, nous nous dirigeons vers Roura, un petit village du fleuve Mahury a? moins de 8 milles, sur la rive droite de l'Oyak. Nous serions parvenus par ici avant 1991, Blacky aurait pu s'engouffrer dans les sinuosite?s de la Comte?, mais depuis cette date, pour de?senclaver le bourg, un pont a e?te? construit, remplac?ant le bac La Gabrielle et bloquant par sa hauteur, les audacieux ma?te?s qui aurait bien envisage? une navigation fluviale au c?ur de la tropicale verdure. Dans la contrainte de ne pouvoir aller plus loin, six voiliers ont e?lu domicile devant la censurante structure, de?finissant re?solument le mouillage. Assujettit a? un courant moins virulent qu'a? Degrad des Cannes, le plan d'eau y est bien plus confortable et l'environnement, sans inte?re?ts portuaires, bien plus agre?able. S'il y a des mots qui de?finissent la Guyane, le « carbet » est un. Typique des cultures ame?rindiennes, cet abri de bois sans mur, au bord de l'eau et en fore?t est ici, un art de vivre et un moyen d'immersion extraordinaire pour s'impre?gner de cette terre aventurie?re. Nous avons la chance de retrouver, apre?s plus de sept ans, des amis, moitie?s marins, moitie?s terriens. Touche?s par l'atmosphe?re envoutant de la Guyane, ils ont fini par s'y installer pour mieux la vivre. Sous le toit en to?le de leur carbet, entoure?s d'arbres gigantesques, l'indispensable morceau de toile tire? entre deux poteaux, balance nonchalamment. Le hamac fait partie du principal, pas de superflu, on va a? l'essentiel et au pied de leur crique, Sylvie et Mario, nous racontent... Un peu Mike Horn, Crocodile Dundee ou encore Indiana Jones, ils cohabitent tout naturellement avec l'e?cosyste?me luxuriant qui les entourent. Sur le sentier jouxtant leur refuge, en nous faufilant entre les hautes herbes d'un layon argileux, nous enjambons les racines encheve?tre?es. Nos pense?es de?rivent. Presque pre?tentieusement, nous imaginons qu'un jaguar va surgir la?, que pour nous, qu'un anaconda va se laisser contempler ou encore qu'un ocelot vat sortir de sa cachette ! Mais pour avoir le privile?ge de l'observation, il faut de la patience et surtout du temps, car s'il est vrai que la faune Guyanaise est extre?mement riche, sur presque 84 000 kilome?tres carre?s dont 20 300 re?serve?s au parc amazonien, il faut une chance incroyable pour apercevoir ces divines cre?atures. Curieusement, dans les sous-bois, il est plus facile de voir, le petit, le minuscule me?me ! Araigne?es, grenouilles, morphos?C'est une farandole d'insectes, des plus quelconques au plus curieux. Le long du fleuve Gabrielle, natte?e a? la Pacahontas, je suis mon e?claireur. L'heure a e?te? choisi, juste a? l'e?tal pour e?tre aide?s de la mare?e montante, pensions-nous ! Mais notre raisonnement qui nous semblait logique s'ave?re vite inapproprie? par ici. Le flot a beau e?tre, dans l'absolu portant, les pluies des jours pre?ce?dents ont e?te? tellement importantes qu'elles inversent sans difficulte?, le sens du courant, nous faisant avancer difficilement entre les tourbillons, vers le lac Pali, but de notre expe?dition ! De?termine?s cependant a? atteindre notre objectif avec nos kayaks a? pe?dales, nos mollets sans broncher, s'e?nergisent efficacement. Nos muscles se tendent. Nos corps ruisse?lent de moiteur. Nous emplissons nos poumons de cette nature intense. La ripicole fore?t en exhibant les contreforts de ses « moutouchi-mare?cages » pourrait portraiturer a? merveille un conte ensorcele?. La cabosse d'un cacaoyer sauvage, la toile d'une matoutou, les ne?nuphars d'un marais, nous sommes comple?tement absorbe?s par tant de diversite? ! Nous devons inse?rer a? notre programme plus que charge?, quelques re?parations, comme celle de notre annexe qui a dut se percer en co?toyant un branchage d'un peu trop pre?s. C'est d'ailleurs un des proble?mes des rivie?res qui nous fait parfois les e?viter. Charrie?s par la pe?riode de crues, arbres et souches peuvent s'ave?rer e?tre de vrais inconve?nients au mouillage. Toutefois, plus rassure?s qu'a? Degrad des cannes ou? nous avons chasse?, nous arrivons a? laisser notre Blacky se de?patouiller seul pendant que nous poursuivons les invitations aux visites? Le livre de notre premier tour du monde c'est ici : https://www.bookelis.com/voyage/35580-Hisser-les-voiles-jusqu-au-bout-de-ses-reves.html?fbclid=IwAR0MaBAblsmpF_dZsjDKgT93pylYqblfGse-pRSNfim_IFZRP5a4v8340rU#/22-type_livre-papier
