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#6 Confinement au coeur de l’océan Indien jour 6 / Pêcheurs en haute mer⛵️ VS Black Lion
26 mars, 9 heures du matin, position : 2º54'700 N, 78º21'670 E. 85,3 milles en vingt-quatre heures. La nuit n’a pas été sereine, plusieurs embarrassants ont encombré notre enceinte de sécurité. Celle que nous avons délimitée par rotation de notre radar s’étend à douze milles. Franchement, 24 kilomètres, c’est quoi dans cette immensité ? Quelles probabilités y a-t-ils de passer dans le même rayon de progression que six OFNI (Objet Flottant Non Identifier) à plus de quatre cent kilomètres de la plus proche terre ! L’océan n’est-il pas assez grand ? C’est dingue ça, en plus, la plu-part des signaux sont extrêmement vagues. Ce petit manège d’occupants énigmatiques sur notre traceur commence à nous agacer ! Il y a trois jours, les visiteurs étaient indiqués comme étant un hélicoptère, ou encore une fusée et cette nuit les intrus émetteurs semblent être des filets dérivants sans embarcation ! Le mystère est total et notre interprétation nous amène à nous persuader que deux des six inconnus, pourvus chacun d’un émetteur AIS, sont reliés l’un à l’autre par un filet de plus de 30 kilo-mètres ! Dans l’optique de cette supposition, nous avons dévié notre trajectoire de cinquante degrés et ce matin des indices viennent corroborer nos intuitions. À deux cent mètres de Black Lion, sur notre bâbord, défile une bouée blanche, s’en suit une deuxième, puis une troisième… Sur le qui-vive immédiat, nous identifions de suite l’embuscade, un bateau à plus de 6 milles de nous tire un filet de plusieurs kilomètres ! La parade incessante dure toute la journée. Des chalands entre 10 et 14 mètres apparaissent dans notre périmètre pour disparaitre quelques heures plus tard. Quand ceux-là restent à bonne distance de nous, tout va bien mais quand l’un d’eux se dirige déterminé sur Black Lion, mes angoisses reviennent ! Cyril est toujours là pour me rassurer mais c’est plus fort que moi, à l’approche des indiscrets, je sens tous mes membres se liquéfier ! Encore une fois, la démarche de nos pêcheurs nomades est purement solliciteuse, ils veulent des cigarettes ! Nous continuons à descendre en latitude, le ciel toujours suave se tavèle progressivement de nuages cotonneux et la mer comme stimulée à un entrainement intensif maintient ses mêmes mouvements langoureux pour atteindre la perfection ! Quel élément fantastique, cette étendue démesurée nous fascine autant qu’elle nous impressionne. Affable aujourd’hui, nous savons que ses colères peuvent être démesurées mais ça fait partie de son caractère et nous l’aimons avec ses qualités et ses défauts ! Pour ses vices, nous n’allons pas vous mentir, ils peuvent provoquer en nous, un sentiment de détestation profonde et moins nous sommes victimes de son tempérament hargneux, mieux nous nous portons ! Notre gruge pour échapper aux inflammations passagères de cette respectable vieille dame, les prises de météo et les dernières téléchargées par mon capitaine sont un peu contrariantes. Rien d’alarmant pour les quatre prochains jours mais si les prévisions se veulent fiables, une dépression pourrait bien se creuser au sud de l’équateur ! Et au sud de l’équateur, il y a quoi… il y a les Chagos ! Bien que l’atoll soit considéré comme en dehors des itinéraires de cyclones, l’un d’eux est passé tout près de la région en mai 93 et cela prouve que nous devons rester vigilants. Pour l’instant, nous ne visions pas forcement cette destination mais nous la mettions dans la parenthèse d’un de nos plans potentiellement réalisables. La conjecture est telle que nous ne sommes sûre de rien ! Les messages que nous recevons par la famille et nos amis sont agréables à réceptionner et nous font plaisir mais les nouvelles qui nous arrivent ne sont pas joyeuses. Le bouleverse-ment qu’il est en train de se produire dans le monde est inouï. Tous les pays ferment leurs frontières et même le Biot qui gère les Chagos a envoyé des réponses d’objections à l’ancrage dans ces îles perdues où absolument personne ne vie. Nous restons dans une incertitude absolue et nous sentons dépossédés de notre jouissance de naviguer, non que cette volupté ait disparue mais elle est parasitée par le trouble de la situation.
